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Magazine Savoir - Hiver 2022

La collaboration et l’apprentissage pour soutenir la réussite des élèves

| Par Sébastien Lecompte-Ducharme Ph. D., agent de recherche à la FCSSQ

Le réseau scolaire multiplie les initiatives qui favorisent l’apprentissage des élèves. Parmi les nombreuses bonnes pratiques mises en place, soulignons le projet CAR, qui promeut le travail collaboratif dans les centres de services scolaires et les écoles. Afin d’en savoir plus, le magazine Savoir s’est entretenu avec Mary-Lou McCarthy, directrice du projet CAR, afin de discuter de cette initiative coordonnée par la FCSSQ.

Comment fonctionne le projet CAR ?

Le projet CAR vise l’adoption d’approches et de culture collaboratives au sein des centres de services scolaires et des écoles, sur une base volontaire. Nous travaillons en trois paliers. Le niveau 1 réunit les directions générales et directions générales adjointes en communautés de pratique (CoP). Le niveau 2 regroupe en CoP des directions d’établissement, des professionnels et des directions de service. Nous travaillons directement avec ces derniers. Concernant le niveau 3, les équipes-écoles résolvent des problèmes et sélectionnent de bonnes pratiques dans le cadre de communautés d’apprentissage professionnelles (CAP).

Si le projet CAR mobilise le réseau scolaire, qui sont les gens derrière cette initiative ?

Le projet CAR est doté d’un comité de vigie et d’un comité de coordination. Le premier est notamment composé d’administrateurs scolaires, alors que des chercheurs universitaires siègent au second. La FCSSQ et le CTREQ collaborent activement au projet CAR. Enfin, nous pouvons compter sur une équipe aguerrie d’accompagnateurs qui travaillent sur le terrain et qui assurent avec moi la cohérence des interventions entre les paliers. 

Mary-Lou McCarthy, coordonnatrice aux
affaires éducatives
en formation générale des jeunes et en adaptation scolaire et directrice du Projet CAR

La FCSSQ administre le projet CAR depuis le 1er juillet 2021, mais il était déjà bien implanté dans le réseau. Comment le projet est-il né ?

Afin de favoriser la réussite éducative, Claude St-Cyr, alors directeur général du CSS de la Région-de-Sherbrooke souhaite s’inspirer des pratiques collaboratives organisées en Ontario. Sa réflexion se construit aussi à la lecture de plusieurs études, dont ceux de Michael Fullan. Après avoir instauré les CoP et les CAP chez lui, il a souhaité les faire connaître à travers le Québec. 

Par la suite, l’Association des directions générales scolaires du Québec et la Fondation Lucie et André Chagnon se joignent à lui : le projet CAR est fondé. Je tiens à souligner à quel point l’implication active de la Fondation est appréciée au sein de l’équipe. 

Au cœur du projet CAR se trouvent des CoP et des CAP. Que font ces deux types de communautés ? 

Les CoP sont des groupes de discussion axés sur l’identification d’une vision de la collaboration et de la résolution de problèmes. C’est aussi une façon de participer au développement professionnel collectif des membres. Les CoP de niveau 1 cherchent à instaurer un climat de collaboration dans le réseau scolaire en fixant des objectifs pour chaque CSS. Les CoP de niveau 2 œuvrent à l’aménagement d’une intelligence collective dans les écoles, ce qui se concrétise dans les CAP. 

Dans celles-ci, le personnel enseignant travaille ensemble afin d’améliorer les apprentissages de tous les élèves, avec des solutions ciblées et mesurables – ce dernier trait caractérise les CAP – qui sont fondées sur la recherche. C’est un apport professionnel grandement apprécié, en plus d’être un outil d’accueil et un soutien fantastique pour le nouveau personnel.

Ensemble, les CoP et les CAP partagent un vocabulaire commun et des outils partagés afin que, dans leurs rôles respectifs, l’ensemble du personnel scolaire participe à la réussite des élèves.

Les CoP et les CAP sont largement autonomes. Comment le projet CAR les appuie-t-il ?

Présentement, neuf CoP interrégionales rassemblent près 140 directions générales et directions générales adjointes. Du côté des CoP de niveau 2, une vingtaine d’accompagnateurs travaillent avec les directions d’établissement. Nous sommes aussi impliqués dans l’évaluation des plans d’engagement vers la réussite (PEVR). Michel Janosz, professeur à l’Université de Montréal, réalise une cartographie des CAP tout en se penchant sur leur cheminement. Nous pourrons ainsi ajuster nos pratiques.

Les sites Web du projet CAR et du CTREQ proposent de nombreuses ressources pour le personnel qui travaille en CoP ou en CAP. Nous suggérons aussi plusieurs ouvrages de référence. Le projet CAR profite de son succès : les groupes qui l’essaient le recommandent à leurs collègues, qui l’adoptent à leur tour. C’est un bel effet d’entraînement dans le réseau scolaire. 

Le premier ministre souhaite voir passer le taux de diplomation et de qualification de 82 % à 90 % d’ici 2030. Comment le projet CAR peut-il participer à cet objectif ?

Le but ultime du projet CAR est la réussite éducative. Grâce au partage d’expertise, à l’efficacité collective et à la mise en place commune d’actions, l’approche collaborative promue permet aux personnes intervenantes de comprendre en groupe ce qui se fait dans les écoles et ce qui fonctionne le mieux. C’est un outil incontournable pour favoriser la réussite des élèves. •

Le texte a été édité afin de synthétiser le propos.