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Magazine Savoir - Hiver 2022

Comment les enfants (et les adultes) peuvent-ils dompter les écrans ?

| Par Sébastien Lecompte-Ducharme, Ph. D., agent de recherche à la FCSSQ

La valse des confinements et de l’école à distance en temps de pandémie a remis au premier plan le temps passé devant les écrans. Durant les phases critiques de la pandémie, ils ont accaparé une part croissante de notre attention. Cela a soulevé bien des inquiétudes, en particulier pour les plus jeunes. Alors que l’électronique est devenue le passage obligé pour apprendre et socialiser, l’American Academy of Pediatrics a même assoupli ses recommandations afin de prendre en compte ce contexte exceptionnel. 

Mais quelles sont les balises habituellement recommandées? La plupart des études distinguent habituellement trois niveaux d’exposition selon l’âge. Chez les 0 à 2 ans, les écrans seront bannis. Les enfants d’âge préscolaire (3 à 5 ans) se contenteront, au plus d’une heure par jour, tandis que les 6 ans et plus ne dépasseront pas les deux heures quotidiennes.

Pour un développement en santé 

Les recommandations sur le temps d’écran prennent en compte tout le continuum de développement. Ainsi, les enfants d’âge préscolaire devraient pratiquer chaque jour un minimum de trois heures d’activité physique, dont au moins une heure à intensité modérée ou élevée. 

Pourtant, certains apprentissages essentiels impliquent la sédentarité, dont les activités artistiques, les casse-têtes ou la construction de blocs ; autant de jeux et de moments sans écran. L’objectif est donc de prioriser l’activité physique et des occupations éducatives.

Dans la mesure où un temps d’écran est organisé, un contenu éducatif de haute qualité sera proposé aux enfants, combiné à un encadrement actif. Ainsi, on maximise les apprentissages des élèves. Par exemple, un adulte animera une discussion lors d’un visionnement. 

Enfin, les spécialistes déconseillent l’instauration d’une routine de temps d’écran. De plus, les appareils électroniques devraient être exclus des repas. C’est d’ailleurs valable à tout âge ! L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) souligne que 23,4 % des enfants de 4 et 5 ans passent plus de 2 heures par jour devant un écran, le double de la limite maximale. En agissant tôt, les adultes préviendront le développement d’habitudes malsaines.

À l’école des écrans ?

Chez les enfants de 6 ans et plus, le temps passé à l’école – parfois avec des écrans – est généralement exclu de la limite de deux heures quotidiennes. Toutefois, cette balise est largement dépassée, en particulier à l’adolescence. L’INSPQ souligne que dès la 6e année, les jeunes consacrent en moyenne 7 heures par jour aux écrans. Chez les 12-24 ans, la consommation d’écrans accapare 85 % du temps sédentaire. Plusieurs des stratégies utilisées en petite enfance pourraient être mobilisées également pour les 12-24 ans.

Des effets nuisibles

Le temps d’écran est bien connu pour deux de ses effets les plus néfastes. En favorisant la sédentarité, une corrélation est établie entre le temps d’écran et l’obésité. De fait, les enfants qui passent moins de temps avec leurs appareils électroniques jouissent d’un meilleur état de santé. Ensuite, la lumière DEL – une source importante de la lumière bleue – plombe la qualité du sommeil, ce qui entraîne une foule de conséquences physiologiques et psychologiques nuisibles.

Les enfants ont de multiples besoins et parmi eux, les écrans devraient se trouver au bas de la liste. Ainsi, une intégration graduelle et encadrée des appareils électroniques et, particulièrement d’Internet, éduquera les enfants à une bonne hygiène numérique. Malgré les limites recommandées, plus le temps passé devant les écrans est bas, mieux leur santé et leur développement se porteront. •

Références