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Magazine Savoir avril 2021

SPÉCIAL - santé mentale

Projet pilote de support par et pour les jeunes : la Polyvalente des Berges initie un projet de pairs aidants chez les élèves

Patricia Lavoie, agente aux communications, Centre de services scolaire de l’Estuaire

Qui de mieux placer que les jeunes pour connaître les besoins de leurs camarades de classe et recevoir leurs confidences ? C’est en partant du principe que les adolescents se confient davantage entre eux, que la Polyvalente des Berges de Bergeronnes du Centre de services scolaire de l’Estuaire a profité du contexte de la pandémie pour instaurer entre ses murs un projet de pairs aidants parmi la clientèle étudiante.

Initié et présenté à la direction d’école par l’intervenante Florence Lessard du Carrefour jeunesse-emploi de la Haute-Côte-Nord, le projet a vite trouvé écho auprès de la direction, mais aussi de la technicienne en travail social Christine Savard, qui s’est lancée sans hésiter dans le déploiement de ce projet déjà expérimenté dans d’autres régions de la province. 

Formation et sensibilisation

Concrètement, le projet de pairs aidants de la Poly des Berges se déploie en deux volets, soit la formation et la sensibilisation. L’objectif n’est pas de faire des jeunes des intervenants, mais de les outiller sur des problématiques qu’ils ont eux-mêmes identifiées afin qu’ils accueillent, écoutent et rassurent les élèves aux prises avec des problèmes tout en développant le réflexe de référer les jeunes en détresse vers les ressources adultes susceptibles de leur apporter le soutien et l’accompagnement nécessaires. 

Pour ce faire, les jeunes impliqués dans le projet de pairs aidants ont notamment reçu une formation de base sur les techniques d’écoute, élaborée par l’organisme Partenaires 12-18 du Centre du Québec. Ensemble, ils ont par la suite identifié des problématiques fréquentes chez les adolescents au sujet desquelles ils aimeraient être mieux outillés afin de répondre aux besoins des élèves. La santé mentale, l’intimidation et la cyberintimidation, la toxicomanie et le consentement sexuel sont les thématiques qui ont fait consensus auprès des jeunes impliqués. Déjà, Florence et sa collègue Sarah Boulianne du CJE ont animé un atelier sur la santé mentale très instructif pour les participants, alors que celui sur l’intimidation et la cyberintimidation a notamment permis de présenter le Plan de lutte contre la violence et l’intimidation de la polyvalente et de s’en inspirer pour la mise en place d’activités de sensibilisation. 

Pour le volet sur la toxicomanie, les responsables du projet espèrent la collaboration de la Fondation Jean Lapointe avec qui des démarches ont été amorcées il y a quelques semaines. Puisque l’objectif ultime est de permettre aux pairs aidants de référer les jeunes en détresse vers les bons intervenants, chacun des ateliers permet par ailleurs de présenter aux participants les organismes et les ressources du milieu disponibles pour un support adéquat.

« Les jeunes ont déjà imaginé des activités de sensibilisation qui se dérouleront à différents moments stratégiques de l’année scolaire », soutiennent Florence et Christine en citant par exemple la création d’affiches pour la prévention de l’intimidation et la mise sur pied d’activités pour souligner la Semaine de la santé mentale, qui se déroulera du 3 au 9 mai prochain.

« Les jeunes souhaitent également effectuer une tournée de classes pour sensibiliser les élèves de première et deuxième secondaire aux effets et aux conséquences de la toxicomanie parce qu’ils auraient eux-mêmes aimé avoir accès à une telle présentation lors de leur entrée au secondaire », expliquent avec enthousiasme les deux intervenantes à la tête du projet. Une page Facebook Pairs aidants a également été créée afin de diffuser du contenu de sensibilisation sur des sujets identifié par les participants.

Recrutement des pairs aidants 

Afin de recruter des jeunes intéressés à s’impliquer dans le projet, celui-ci a d’abord été présenté à deux élèves du cours d’entrepreneuriat de cinquième secondaire, qui avaient déjà manifesté leur intérêt à sensibiliser les élèves plus jeunes à la toxicomanie. Par la suite, Christine Savard a elle-même ciblé et approché des jeunes d’influence, faciles d’approche et bénéficiant d’un grand cercle d’amis. Le bouche à oreille a également fait son œuvre si bien que sept jeunes, dont un garçon, sont actuellement activement impliqués à titre de pairs aidants. Puisqu’il s’agit d’élèves de troisième à cinquième secondaire, ça facilite également la pérennité du projet pour les années à venir.

Essais et erreurs

Jusqu’à maintenant très satisfaites du déroulement du projet, Florence Lessard et Christine Savard admettent qu’il s’agit d’une initiative à long terme et que la mise en place engendre inévitablement des essais et des erreurs. Elles se réjouissent cependant de la réponse et de l’implication des jeunes et affirment avec la plus grande franchise, que le projet sera assurément mieux structuré l’an prochain, d’autant plus que le contexte de la pandémie et
la présence des élèves de troisième à cinquième secondaire à l’école un jour sur deux depuis quelques mois n’est rien pour faciliter le déploiement d’un tel projet. 

Tenues selon la disponibilité de chacun depuis le mois de novembre 2020, les rencontres des pairs aidants et de leurs mentors se dérouleront de façon plus assidue au retour de la semaine de relâche, c’est-à-dire sur une base hebdomadaire, et ce, à la demande des jeunes eux-mêmes. 

Fait à noter, le Carrefour jeunesse-emploi de la Haute-Côte-Nord a également entrepris les premières démarches afin d’implanter le projet à la Polyvalente des Rivières de Forestville.