Magazine Savoir FCSSQ

Juin 2016

Rencontre avec le ministre de l’Éducation. Sébastien Proulx

| Par Propos recueillis par François Grenon, directeur des communications et des affaires publiques et Caroline Lemieux, attachée de presse à la FCSQ

Photo ministre

La carrière politique de Sébastien Proulx a progressé à vitesse «grand V» lors de la dernière année. Élu député de Jean-Talon lors d’une élection partielle en juin 2015, il a été nommé ministre de la Famille six mois plus tard, puis ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport le mois suivant, à la suite du départ soudain de Pierre Moreau en raison de problèmes de santé. Un défi que le principal intéressé a accueilli avec surprise, enthousiasme, fierté et humilité. C’est un privilège de se faire confier des responsabilités ministérielles, déclare-t-il d’emblée.

Le fait qu’il cumule les fonctions de ministre de la Famille et ministre de l’Éducation n’est pas non plus de nature à refroidir l’enthousiasme de Sébastien Proulx, qui y voit plutôt un avantage puisque les deux missions sont complémentaires selon lui. Et c’est d’ailleurs le mandat que lui a confié le premier ministre.

C’était pour inscrire cela dans un esprit de continuité entre la petite enfance et l’éducation, de la naissance à l’âge adulte. Je crois beaucoup à cette cohérence gouvernementale qu’il faut établir entre les deux ministères, car dans le fond, même si ce sont des missions séparées, elles sont complémentaires, c’est une mission. De s’assurer que nos enfants, lorsqu’ils vont se retrouver à l’âge adulte, vont être outillés pour contribuer à la société.

Le ministre Proulx ne le cache pas, le réseau de l’éducation est complexe, mais il considère que chacun y a un rôle important à jouer. À ce titre, il considère la FCSQ comme un interlocuteur privilégié qui peut agir comme influenceur positif.

Je souhaite que nous travaillions tous ensemble vers un même objectif, une fois que nous aurons déterminé la destination. Tous les acteurs sont les bienvenus et sont utiles. Il suffit que tout le monde ait sa place, son rôle et qu’il laisse la place aux autres pour qu’on puisse tout le monde travailler. La Fédération est donc un acteur important, car elle représente les commissions scolaires, et elle peut être un influenceur positif dans le débat et dans la mobilisation pour la réussite. Elle est aussi un interlocuteur pour le gouvernement et les autres acteurs pour faire la démonstration que la Fédération participe à la mobilisation et est au diapason de ce que veulent faire les gens en éducation et toute la population. Et c’est l’interaction qu’on peut avoir avec le gouvernement.

Une arrivée en poste pendant une commission parlementaire

Lorsque Sébastien Proulx est entré en fonction comme ministre de l’Éducation, les consultations en commission parlementaire sur le projet de loi no 86, Loi modifiant la gouvernance et l’organisation des commissions scolaires, étaient déjà commencées. La première décision qu’il a prise a été de ne pas retarder le processus et de poursuivre les consultations. Pour le ministre, il s’agissait d’une question de respect envers les personnes et les groupes qui s’étaient préparés en vue de cette consultation, et envers le processus parlementaire en lui-même. Il sentait également qu’il y avait un momentum pour discuter de cette question et prendre des décisions.

J’en suis venu à la conclusion que si on poursuivait dans cette voie-là, nous aurions plus de distractions pour la suite des choses que de collaboration pour travailler à l’objectif le plus important, celui d’augmenter la diplomation et la réussite éducative de tous les jeunes. De s’assurer que tout le monde peut évoluer dans notre système d’éducation, car il y a plein d’enjeux, notamment les enfants et les adultes différents. Il ne faut pas en laisser derrière. C’était le constat que j’ai fait et je voulais m’assurer de trouver une solution qui mettait de côté la division et les distractions pour qu’on puisse tous se mobiliser autour d’un message et je pense avoir réussi.

Une fois les consultations sur le projet de loi no 86 terminées, le ministre s’est donné un temps de réflexion au terme duquel il a annoncé qu’il souhaitait que le Québec se dote d’une politique sur la réussite éducative. Il a également déposé un nouveau projet de loi.

D’abord, je veux nous doter d’une politique sur la réussite éducative. Nous allons identifier ensemble le plan de match et la démarche pour s’y rendre. Plutôt que de naviguer à vue, nous allons établir à l’avance le chemin pour s’y rendre. Et le projet de loi no 105 est important dans la mesure où il rétablit l’ordre des choses, on rafraîchit la Loi sur l’instruction publique en quelque sorte. Nous posons certains gestes à l’égard des parents, à l’égard des écoles, des directions d’école. Nous faisons en sorte que la subsidiarité qui a souvent été évoquée dans les consultations soit au rendez-vous et nous établissons certains principes comme la flexibilité dans les règles budgétaires et la simplification des règles de contrôle et de la reddition de comptes. Pour moi, il y a des gestes concrets à poser. L’autre étape est la rénovation et l’entretien de nos immeubles, pour moi c’est important. Donc, au terme de la consultation, lorsqu’on aura identifié quoi faire pour améliorer la diplomation, quels gestes poser autant par le gouvernement que les acteurs en éducation, il faudra poser ces gestes rapidement.

Sébastien Proulx précise qu’il souhaite voir la politique sur la réussite éducative adoptée à l’hiver 2017.

Le ministre de l’Éducation visite de nombreuses écoles depuis sa nomination et il avoue avoir été surpris par le piètre état des infrastructures à certains endroits. Mais ses visites dans les écoles sont également ce qui apporte au ministre sa plus grande satisfaction. Il se dit émerveillé devant la vivacité d’esprit des élèves qu’il rencontre. Il croise également des enseignants dévoués et affirme entendre leur appel pour une plus grande valorisation de leur travail. Il constate également que tous les acteurs du milieu de l’éducation ont la même motivation : travailler pour la réussite des élèves.

Conciliation travail-famille

Ce père de deux enfants d’âge scolaire, soit 8 et 10 ans, reconnaît que le travail d’élu rend parfois difficile la conciliation travail-famille, et qu’en plus d’avoir une conjointe compréhensive, il faut aussi être prêt à faire des sacrifices. Je ne peux pas être présents tous les soirs pour faire les devoirs, donne-t-il en exemple. En ajoutant que le privilège d’être ministre et le fait que son travail soit si intéressant en valent la peine. Il essaie aussi de concilier travail-famille en impliquant ses enfants dans certaines de ses activités.

Il aime aussi discuter avec eux des belles et moins belles choses qu’il voit dans les écoles et observer les réactions spontanées de ceux qu’il considère un peu comme son public cible. J’ai un peu l’impression de faire ça pour eux effectivement.

En plus d’être ministre de la Famille et ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx a été nommé ministre responsable de la région Gaspésie –  Îles-de-la-Madeleine, d’où il n’est pas natif. Ce fut d’ailleurs l’occasion pour lui de mettre les pieds aux Îles-de-la-Madeleine pour la première fois. Ce qui ne l’empêche pas d’aborder ce défi avec autant d’enthousiasme que les autres.

Le rôle d’un ministre régional c’est un rôle de facilitateur et de promoteur de ce qui se fait là-bas et des besoins exprimés dans la région au sein du conseil des ministres. Je ne remplace pas mes collègues qui ont des ministères ou des missions sectorielles. J’ai dit aux gens de la Gaspésie et des Îles, je travaille avec vous et pour vous et c’est un honneur de les représenter.

De toute évidence, Sébastien Proulx est comme un poisson dans l’eau en politique et il résume lui-même les qualités requises pour être un bon politicien.

Je pense que la proximité et l’écoute sont deux grandes qualités pour faire de la politique et être capable de prendre des décisions et de les assumer. J’ai toujours été proche des gens et je veux que ça demeure. Il faut aussi être capable d’entrer en dialogue. On ne peut pas faire de changements importants si l’on ne garde pas les canaux de communication ouverts.

D’ailleurs, il révèle que les deux politiciens qu’il admire le plus sont Winston Churchill et Abraham Lincoln pour la capacité qu’ils avaient à dire des choses difficiles à leur population et à poser des gestes difficiles lorsque cela a été nécessaire.

  Sébastien Proulx, l’élève
Quand on lui demande quel genre d’élève il était, Sébastien Proulx répond en riant qu’il était expressif, et que les choses n’allaient pas toujours assez vite à son goût. Les meilleurs souvenirs qu’il conserve de ses années scolaires sont autour de la camaraderie, souvent nouée lors du parcours entre l’école et la maison. Tu partais de chez toi pour aller à l’école à pied, et tout à coup, tu te retrouvais une dizaine à marcher et à discuter. Les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent plus cette réalité, déplore-t-il avec un brin de nostalgie. L’éducation était aussi très valorisée dans sa famille, particulièrement la lecture. Et comme plusieurs élèves, il garde un souvenir impérissable d’un enseignant de biologie qui a marqué son parcours : un professeur passionné et passionnant qui aimait partager sa matière et qui avait énormément de proximité et de respect envers ses élèves. Après une année avec lui, il me semble qu’on avait appris plus de choses que la matière enseignée.