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Mars 2014

Spécial élections scolaires

Les jeunes ont-ils démissionné de la démocratie?

| Par Élise Demers, conseillère en participation citoyenne et formation, Table de concertation des forums jeunesse régionaux du Québec - [email protected]
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Élise Demers Conseillère en participation citoyenne et formation Table de concertation des forums jeunesse régionaux du Québec [email protected]

Plus cyniques face à la démocratie, les jeunes? C’est du moins l’image que la plupart des gens s’en font. Or, si les jeunes électeurs votent bel et bien moins que les générations précédentes, selon des chercheurs sur la participation électorale, ils ne seraient pas plus cyniques que leurs aînés.

Malgré le préjugé populaire qui veut que les jeunes soient de plus en plus critiques face au système démocratique, entre 1980 et 2000, la confiance envers le Parlement est demeurée la même chez les 15-29 ans au Canada, tandis qu’au contraire, c’est chez les 50 ans et plus que cette confiance a diminué…

Toutefois, il est bien réel que les jeunes votent en moins grand nombre (voir le tableau) et boudent les implications politiques, comme devenir membre ou militant pour un parti. Les raisons évoquées de ne pas voter sont multiples : manque d’intérêt, sentiment que la politique est trop difficile à comprendre, manque de temps, problèmes techniques liés à l’accès au vote ou à la liste électorale, perception que le vote n’est pas un devoir, impression que son vote ne fera aucune différence.tableau-taux-participation

Environ 45 % des jeunes du secondaire se disent peu ou pas du tout intéressés par la politique, et près de 25 % d’entre eux ne discutent jamais de politique avec leur famille, ce qui est un élément significatif pour prédire le vote. Ils seraient aussi moins nombreux que les générations les ayant précédés à considérer le vote comme un devoir civique. Mais, comme on l’a constaté en 2012, un sujet qui les concerne peut faire bondir leur participation!

Comment ramener les jeunes aux urnes, ou même vers un engagement politique actif comme celui de se présenter comme candidat aux élections scolaires? Tout d’abord, ils et elles doivent prendre l’habitude de voter le plus tôt possible dans leur parcours d’électeur surtout qu’ils ont tendance à conserver cette habitude une fois qu’elle est prise.

Tous âges confondus, c’est 45 % de la population qui croit que son vote n’a aucun impact. Un autre 45 % croit pour sa part que son vote a un impact, alors que 10 % des gens disent ne pas le savoir.

De plus, les jeunes sont nombreux à faire du bénévolat ou à s’investir pour faire avancer des causes : 54 % des 15-24 ans donnent de leur temps, avec une moyenne de 83 heures par année. C’est ensuite une roue qui tourne : ces jeunes qui s’engagent sont plus susceptibles de voter et de s’intéresser à la chose démocratique. Amener les jeunes à s’engager, c’est donc une manière quasi directe de former des électeurs.

Bien qu’elle soit loin d’être la seule à pouvoir faire une différence, l’école est incontournable et doit prendre parti : pour le vote et, pour y arriver, prendre parti pour l’engagement des jeunes.

La conception du vote comme un devoir passe entre autres par une saine « pression sociale » et, s’il est vrai que la famille est au cœur de cette socialisation dans le milieu scolaire, les enseignants, les intervenants et les autres élèves en sont des acteurs importants. D’ailleurs, plus leur niveau de scolarité augmente, plus les jeunes ont tendance à croire que la démocratie est le meilleur système, à avoir confiance envers le gouvernement et, ultimement, à voter.

Intégrer le sujet dans ses plans de cours, suivre l’actualité, intégrer des choix démocratiques dans la pédagogie (choix de projets, de sujets, etc.) sont autant de manières de faire vivre la démocratie dans l’école. Un conseil d’élèves qui a de réels pouvoirs, aussi limités ou encadrés soient-ils, peut aussi démontrer aux jeunes les impacts sur le milieu que leur participation citoyenne peut avoir.

La tâche peut sembler lourde pour les écoles déjà débordées, mais des ressources sont disponibles pour les enseignants ou autres intervenants des commissions scolaires qui souhaitent s’y atteler. Les forums jeunesse, présents dans toutes les régions, peuvent offrir le soutien d’un agent de participation citoyenne pour divers projets : organisation d’un débat pendant les élections, atelier d’initiation à la politique, accompagnement d’un projet, etc. Pour les joindre : www.forumsjeunesse.qc.ca.

Il existe également d’autres références précieuses pour le milieu scolaire.

• Les outils d’éducation à la démocratie du Directeur général des élections du Québec et de l’Assemblée nationale.
• Des outils pour réaliser des projets coopératifs et démocratiques en classe : www.coopquebec.coop.
• Le programme Électeurs en herbe, permettant de réaliser une simulation de vote à l’école : www.electeursenherbe.com.