Un engagement collectif nécessaire!
Un engagement collectif pour maintenir et rehausser les compétences en littératie des adultes, tel est le titre de l’avis que le Conseil supérieur de l’éducation a rendu public en septembre et l’essentiel du message qu’il livre. Il lance ainsi un appel à la mobilisation concertée des pouvoirs publics, des milieux du travail, de la santé, de la culture et de l’éducation ainsi que du milieu communautaire.
Une situation préoccupante qu’il faut redresser
Le Conseil exprime sa vive préoccupation à l’égard du nombre considérable d’adultes du Québec qui ne possèdent pas les compétences suffisantes pour bien comprendre et traiter l’information écrite. Selon les résultats de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes de 2003, la plus récente dont les résultats étaient disponibles au moment de la préparation de l’avis, 49 % de la population québécoise âgée de 16 à 65 ans se trouve dans cette situation.
Deux perspectives pour aborder la littératie
Le Conseil aborde la littératie selon deux perspectives. La première perspective repose sur la mesure des compétences des adultes. Au Québec, l’action publique a porté principalement sur des pratiques de formation et d’apprentissage formelles visant à combler les lacunes ainsi reconnues. Cette offre doit être consolidée. Le Conseil formule à cet égard des recommandations qui pourraient, notamment, entraîner des améliorations à l’offre de service dans les centres d’éducation des adultes et les centres de formation professionnelle. Il recommande ainsi :
1) l’examen de la problématique de la durée insuffisante du parcours de formation autorisé par la Mesure de formation de la main-d’œuvre d’Emploi-Québec;
2) l’harmonisation des mesures relatives au soutien financier accordé aux adultes inscrits en francisation;
3) la tenue, sur une base périodique, d’activités de perfectionnement à l’intention des intervenantes et des intervenants des réseaux de l’emploi ainsi que de la santé et des services sociaux et portant sur le faible alphabétisme;
4) des ressources additionnelles pour assurer le maintien d’activités de mise à niveau des compétences en littératie dans les centres de formation professionnelle;
5) la consolidation et la pérennité des dispositifs permettant le partage d’expertise et le perfectionnement chez les actrices et les acteurs des milieux de l’éducation et de la formation des adultes;
6) la consolidation des bases de données permettant de cerner le niveau de compétence en littératie de la population de 16 ans ou plus.
La deuxième perspective porte sur le rapport à l’écrit des adultes ayant un faible niveau de littératie et les pratiques qu’ils ont développées. Rompant avec l’approche par le déficit, elle mise plutôt sur les compétences que les adultes ont déjà, quel qu’en soit le niveau. L’attention est tournée cette fois vers les modes de formation et d’apprentissage non formels et informels pouvant contribuer au maintien et au renforcement des compétences des adultes faibles lecteurs. L’éclairage du Conseil réside en particulier dans son exploration des composantes d’un environnement pouvant agir sur le rapport à l’écrit. On peut songer, par exemple, à des activités de formation par les pairs en milieu de travail, à des cercles de lecture ou d’étude sur la santé ou l’environnement, à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication ou encore à la tenue d’activités diverses dans les musées et les bibliothèques. Le Conseil estime que la mise en place orchestrée d’un environnement enrichi suscitant l’intérêt des adultes faibles lecteurs constitue une approche prometteuse pour mobiliser leurs compétences. Dans ce rapport, l’exemple de la Suède est particulièrement éclairant.
Des orientations pour guider l’action
Dans son avis, le Conseil avance cinq orientations :
1) Faire une priorité nationale du maintien et du rehaussement des compétences en littératie des adultes. Il recommande à cette fin d’inscrire cette priorité au cœur d’une politique d’éducation des adultes actualisée qui s’appuie sur tous les processus de formation et d’apprentissage, qu’ils soient formels, non formels ou informels.
2) Assurer la synergie des actions.
3) Assurer des ressources financières suffisantes pour consolider l’offre de formation.
4) Accentuer la formation de base dans les entreprises.
5) Enfin, soutenir le perfectionnement du personnel enseignant et des formatrices et formateurs de même que la recherche dans le domaine de la littératie des adultes.
Consolider les actions, mais aussi agir autrement
En somme, le maintien et le rehaussement des compétences en littératie des adultes doivent être une préoccupation nationale. Il s’agit certes de consolider les actions mises en oeuvre jusqu’à présent, puisqu’on ne part pas de zéro, mais aussi d’agir autrement.
Les versions intégrale et abrégée de l’avis sont accessibles sur le site Web du Conseil supérieur de l’éducation : www.cse.gouv.qc.ca.