Renouvellement des commissions scolaires : où on en est ?
Il y a deux ans, le contexte militait en faveur d’un changement entourant les commissions scolaires, la pression médiatique, les perceptions négatives de la population envers l’éducation publique et au plan politique, la remise en cause de leur existence. Autant de raisons qui ont poussé la FCSQ, de concert avec ses membres, à prendre en charge le leadership d’un plan d’action pour moderniser les pratiques dans un contexte de coupures budgétaires sans précédent en éducation. Pâquerette Gagnon, directrice générale de la FCSQ, nous en parle.
Parmi des actions dignes de mention : les commissions scolaires se placent en soutien et en support l’une envers l’autre tant au plan éducatif qu’administratif; ce qui veut dire que des ententes se réalisent progressivement pour regrouper certains services comme en formation professionnelle, en formation continue ou en informatique.
« On a souvent l’impression lorsqu’on lit les journaux que rien n’a bougé dans les commissions scolaires. Souvent méconnues au plan de leur mission et du rôle majeur qu’elles exercent dans toutes les régions du Québec, elles ont pourtant investi beaucoup d’énergie depuis deux ans pour changer leurs pratiques dans un souci de réduire les coûts, de favoriser l’autonomie des établissements tout en préservant la qualité des services offerts aux élèves. »
Entreprenante et enthousiaste, Mme Gagnon rappelle les trois axes d’intervention qui orientent le plan de renouvellement des commissions scolaires : simplifier l’administration publique, faire reconnaître l’école publique et redonner un sens à la démocratie scolaire. Tant des interventions locales, régionales que nationales sont menées dans un souci d’y associer le plus possible les acteurs et les partenaires de la société québécoise.
Les 3 axes d’intervention du plan d’action
– Simplifier l’administration publique
– Faire reconnaître l’école publique
– Redonner un sens à la démocratie scolaire
Le défi est de taille puisque le secteur de l’éducation est touché de plein fouet par des compressions de l’ordre d’un demi-milliard de dollars depuis trois ans.
Un mouvement révélateur d’un changement
Pensons, dans l’optique de rationaliser les dépenses et mieux faire les choses, à la grille d’analyse conçue par la FCSQ afin d’aider les commissions scolaires à porter un diagnostic sur la performance de leur organisation et trouver des moyens d’alléger la bureaucratie dans les différents secteurs, matériels, éducatifs et informatiques, notamment. Plusieurs commissions scolaires l’utilisent et ont été en mesure de faire des changements importants dans leurs pratiques.
Soulignons, selon des données obtenues du MELS en 2011-2012, que les commissions scolaires ont réduit leurs dépenses administratives en dépassant de 5 % la cible que le gouvernement avait fixée, soit 15 % au lieu de 10 %.
Pour les dépenses de publicité, frais de déplacement et de formation, la cible fixée par le gouvernement était de 25 % alors que les commissions scolaires ont atteint 38 %.
Par ailleurs, ajoute la directrice générale, dans plusieurs commissions scolaires, on tente actuellement de trouver des solutions plus simples pour mieux répondre aux besoins des directions des établissements. Au plan de la reddition de comptes par exemple, on souhaite implanter une démarche avec un seul outil de cueillette de données intégrant le projet éducatif, le plan de réussite, la convention de partenariat et le rapport annuel. « C’est moins visible dans les journaux, mais cela constitue néanmoins un bon exemple de réduction de paperasse et de changement des façons de faire! »
La stratégie de communication Des forces qui s’additionnent des succès qui se multiplient constitue un autre bel exemple de réussite pour susciter la mobilisation du personnel et valoriser l’école publique auprès de la société québécoise à moyen et à long termes.
Un modèle inspirant
Pâquerette Gagnon et la présidente, Josée Bouchard, ont voulu vérifier ce qui se fait ailleurs. Le Nouveau-Brunswick vit actuellement une profonde réforme de ses conseils scolaires. « Même si c’est plus petit, on peut s’inspirer de ce qui se réalise au Nouveau-Brunswick et l’adapter à notre situation. On pourrait voir naître sous peu un projet pilote dans ce sens ici au Québec pour diminuer la bureaucratie, alléger les tâches des directions d’établissement et mieux les soutenir dans leur fonction administrative. On sait déjà que plusieurs commissions scolaires sont en démarche afin de modifier leur gouvernance et améliorer leur efficacité. »
Du côté de la démocratie, bien des cibles du plan ont été atteintes, souligne Mme Gagnon. Pensons particulièrement à la date obtenue pour tenir une élection scolaire le 2 novembre 2014 et, sur le plan régional, aux diverses activités menées pour valoriser la démocratie scolaire et soulever l’intérêt d’y participer par des activités de formation offertes aux parents et aux élus scolaires, des tournées pour bien saisir les problématiques du territoire et la participation accrue des élus scolaires à des conseils d’administration en concertation avec des partenaires.
Ces quelques exemples montrent à quel point des efforts sont faits pour moderniser les commissions scolaires. Mais d’énormes difficultés persistent comme celles de mobiliser les gens, les différents acteurs de la société québécoise, tout le discours négatif entourant le réseau public d’éducation et l’absence de continuité dans la gouverne de l’État. « On avance et on recule toujours en éducation, pendant ce temps on oublie de s’occuper des vraies questions entourant l’éducation de nos enfants. La majorité des partenaires sont d’accord avec nous. Est-ce trop demander au Québec d’assurer une continuité dans ce qu’on fait en éducation et de cesser les débats inutiles sur les structures? On oublie souvent que le réseau public d’éducation a obtenu des gains importants passés souvent sous silence. Nos écoles publiques sont parmi les meilleures au monde. Nous avons des chiffres à l’appui. »
La tournée de la FCSQ dans les régions a permis de connaître le point de vue d’environ 1 700 participants représentant différents milieux. Elle a donné lieu à un Sommet sur l’éducation publique l’an dernier et auquel 800 personnes ont participé. Au terme de cette réflexion, une déclaration en faveur de l’éducation publique a été adoptée par l’assemblée générale afin de démarrer des travaux en vue d’élaborer une plateforme pouvant mener à une politique nationale en éducation publique.
« Beaucoup de travail a été fait, mais il en reste encore beaucoup à faire au plan de la communication et j’ose rêver qu’un jour un gouvernement, quel qu’il soit, aura le courage de faire de l’éducation la priorité nationale! » de conclure Mme Gagnon.