Magazine Savoir FCSSQ

Juin 2013

Le rôle d’un politicien et d’une politicienne en 2013

Marie Blouin Conseillère en communications FCSQ mblouin@fcsq.qc.ca

Marie Blouin
Conseillère en
communications
FCSQ
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Le conférencier à l’ouverture du congrès de la FCSQ, Benoît Pelletier, en avait long à dire sur le rôle d’un politicien en 2013. Lui-même engagé pendant 10 ans en politique québécoise, comme député (1998- 2008) et comme ministre (2003-2008), il n’a pas perdu la flamme depuis… Juste à s’entretenir avec cet homme passionné de politique, on a le goût de s’y engager.

Il a rencontré les élus scolaires au congrès pour exposer son point de vue sur le rôle d’un politicien et aussi pour les motiver à  poursuivre leur engagement qui est si nécessaire pour le Québec. Selon M. Pelletier, l’éducation joue un rôle majeur dans la société. «  Les gens oublient que l’éducation est une valeur importante et qu’elle ne repose pas seulement sur ceux qui enseignent, mais aussi sur l’ensemble des acteurs comme les élus scolaires, les directeurs des établissements, le personnel scolaire, les parents et l’ensemble de la société québécoise. »

Les qualités d’un bon politicien et d’une bonne politicienne

Il aurait très bien pu s’en tenir à son emploi de professeur en droit à l’Université d’Ottawa, mais il a plutôt choisi dans les années ’90 de servir les gens en se lançant en politique. « On s’investit en politique pour réaliser des choses, rencontrer des gens, pour être au service de la population. Être politicien, c’est une vocation! Il faut avoir un grand sens de l’abnégation, car la politique exige beaucoup de sacrifices. C’est terriblement exigeant et on est souvent critiqué, mais le plaisir que cela rapporte est plus grand que les contraintes qui en découlent parce qu’on dispose d’une réelle capacité de faire une différence dans notre société, et cela, c’est très gratifiant! »  Pour être un bon politicien, M. Pelletier estime qu’il faut d’abord être intègre et avoir de la ténacité, et ce, en dépit du cynisme  ambiant! Il est fier et heureux d’avoir vécu cette expérience comme politicien. « La politique m’a apporté beaucoup sur les plans personnel et professionnel. J’ai acquis une connaissance plus fine de la société québécoise, ma compréhension de cette dernière est devenue moins théorique, mais c’est surtout la rencontre de gens provenant de tous les horizons qui m’a procuré le plus de satisfaction. Cela m’a permis de m’enrichir et de donner un visage humain à la politique. »

Pourquoi s’engage-t-on?

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Benoît Pelletier, conférencier à l’ouverture du congrès

On se lance en politique parce qu’on veut changer des choses. Son passage en politique aura été marqué par des réalisations dont nous bénéficions encore aujourd’hui. Par exemple, il est le fondateur du Centre de la francophonie des Amériques, qui contribue à la  promotion et à la valorisation de la langue française. Il est aussi à l’origine de la création du Conseil de la fédération et est l’artisan de  nombreuses ententes Ottawa-Québec, dont celle portant sur la place du Québec à l’UNESCO.

L’élu scolaire de son côté a lui aussi la capacité d’influencer le cours des choses en éducation en travaillant d’abord sur les perceptions des gens, sur l’importance qu’ils devraient accorder à l’éducation. « L’éducation n’est pas qu’une transmission de connaissances. Elle contribue à forger l’identité d’un peuple et à son épanouissement culturel, social et économique. De là l’importance pour l’élu de promouvoir le rôle qu’il exerce dans ce secteur et de faire comprendre aux gens que l’éducation est une valeur à partager  collectivement. »

S’imposer davantage

Même si la tourmente médiatique et politique fait partie de notre quotidien, M. Pelletier est confiant que nous traverserons cette crise qui secoue le milieu de l’éducation : « L’éducation publique vaut la peine qu’on persévère et qu’on poursuive son propre engagement politique dans l’intérêt des élèves et de la population. »

Un élu scolaire plus présent dans son milieu et faisant mieux connaître son rôle et ses dossiers aura une plus grande crédibilité et  notoriété à court et moyen termes. « Se faire voir le plus possible, être présent dans les médias traditionnels et sociaux, soulever des enjeux qui interpellent les gens comme ceux de l’emploi, la persévérance scolaire, la qualité du français, s’avèrent des avenues à privilégier. Pourquoi, ajoute-t-il, ne pas s’associer un porte-parole culturel connu et aimé qui endosse notre cause. Bref, donner une saveur locale et régionale à l’éducation publique, tout en lui donnant de l’ampleur! »

« La valorisation de l’élu scolaire passe par un leadership politique fort! »
Benoît Pelletier, conférencier à l’ouverture du congrès

tites-filles-amelioration_enseignement_anglaisPlus les élus auront tendance à limiter leurs horizons, dit-il, à ne voir que leur environnement immédiat, seulement l’école par  exemple, et moins ils auront la chance de mobiliser la population. « Il faut mettre le rôle d’élu en relation avec son environnement en
général, développer un argumentaire et une perspective qui démontrent à quel point il contribue au développement de la société dans laquelle il intervient. »

Pour M. Pelletier, l’élu scolaire doit investir encore plus de temps dans son milieu, être plus agressif dans sa démarche politique. « Il doit s’affirmer davantage, faire comprendre que le gouvernement scolaire qu’il représente est important, et intervenir par exemple lors des activités de chambres de commerce ou dans d’autres événements où il pourra se mettre en valeur. »

Se rapprocher de son député

Les contacts politiques aident aussi à faire avancer les dossiers défendus en éducation. « On peut changer les choses, précise-t-il, en se rapprochant de son député, parce que celui-ci dispose souvent d’une influence à l’Assemblée nationale et auprès du gouvernement. L’informer régulièrement, lui faire connaître les enjeux de l’heure, permettront à l’élu scolaire non seulement de faire avancer sa cause, mais aussi d’accroître son rôle. »

En terminant, M. Pelletier rappelle que la valorisation de l’élu scolaire passe nécessairement par un leadership politique fort, par le rapprochement de l’élu avec les gens de sa circonscription, par une vision à long terme en éducation et par la conviction de la part de l’élu que ce qu’il fait est indispensable. Tout cela, c’est une formule gagnante, selon Benoît Pelletier, pour favoriser non seulement l’intérêt de la population à voter aux élections scolaires, mais aussi pour valoriser le rôle essentiel de l’élu scolaire.

Originaire de Limoilou à Québec, Benoît Pelletier a étudié le droit à l’Université Laval. Titulaire d’une maîtrise et de deux doctorats en droit, il enseigne maintenant à l’Université d’Ottawa. En 1998, il a d’ailleurs reçu le Prix d’excellence en enseignement et été choisi Professeur de l’année. Il a été ministre au sein du Cabinet Charest  pendant six ans, où il a eu entre autres la responsabilité des Affaires intergouvernementales canadiennes, des Affaires autochtones, de la Francophonie canadienne, de l’Accord sur le commerce intérieur, de la Réforme des  institutions démocratiques et de l’Accès à l’information. Il a aussi été leader adjoint du gouvernement, ministre  responsable de la région de l’Outaouais et ministre responsable de la région du Nord-du-Québec.