La dynamique du pouvoir : comment influencer les autres acteurs pour atteindre ses objectifs politiques
S’il est une sphère de l’activité humaine qui suscite souvent des questions, c’est bien l’exercice du pouvoir : pourquoi, avec qui et comment se servir du pouvoir? Existe-t-il des « bonnes pratiques » dans l’utilisation du pouvoir? Comment éviter les dérapages qu’on observe chez ceux qui en ont abusé? Voilà autant de questions que les experts se sont posés au cours des trois dernières décennies et pour lesquelles ils proposent des éléments de réponse qui pourront très certainement vous inspirer lors des prochaines élections scolaires.
Pourquoi se servir du pouvoir?
La question « Pourquoi se servir du pouvoir? » présume que le pouvoir est un moyen, et non une fin. Le pouvoir est l’instrument par lequel on amènera les autres acteurs à faire ce qu’on souhaite qu’ils fassent. Le « ce qu’on souhaite qu’ils fassent » réfère aux comportements des autres acteurs, comportements qui devraient converger vers la réalisation des objectifs qu’on poursuit et pour lesquels on a besoin du concours des autres acteurs, internes ou externes à l’organisation. Voilà donc la raison fondamentale qui justifie l’exercice du pouvoir : dès que l’atteinte d’un objectif dépend de l’action concertée des autres, le pouvoir s’impose comme l’unique moyen pour faire émerger cette concertation. Le défi à relever est alors le suivant : cette concertation ne peut être imposée aux autres acteurs, elle doit plutôt être construite avec eux. Ainsi, la concertation construite par et entre les acteurs est la condition essentielle pour atteindre les objectifs qu’on se donne et qu’on partage avec les autres acteurs. Ceci conduit inévitablement à la deuxième question : avec qui utiliser son pouvoir en politique scolaire par exemple? La réponse à cette question est simple : on utilisera son pouvoir avec les acteurs qui sont les plus susceptibles d’aider à atteindre les objectifs préalablement déterminés. Mais puisque leur concours ne peut être imposé et que la concertation ne sera possible que par leur engagement volontaire, quelles sont ces
personnes qui doivent être mobilisées?
Pour répondre à cette question, la nature « politique » de l’objectif doit être précisée. Un objectif est « politique » lorsqu’il a une incidence sur la capacité des autres acteurs à faire faire à certains individus ce qu’ils souhaitent qu’ils fassent. Ainsi, un objectif politique comporte des enjeux de pouvoir : en quoi cet objectif peut-il contribuer à accroître ou à réduire la capacité des autres acteurs à faire faire aux autres ce qu’ils souhaitent? Bien connaître les enjeux politiques des acteurs apparaît alors incontournable pour créer et maintenir la concertation autour de l’objectif. Une fois les enjeux politiques des acteurs bien identifiés, la troisième question s’impose par elle même: comment exercer son pouvoir pour cultiver la concertation autour de l’objectif? C’est la réponse à cette question qui distingue les acteurs « stratégiques » de ceux qui ne le sont pas. Un acteur stratégique exerce son pouvoir à travers une bonne compréhension du contexte dans lequel évoluent les autres acteurs : quels sont les « gains » que ceux-ci cherchent à faire dans la situation? Quelles sont les pertes qu’ils cherchent à éviter? Par quels moyens essaieront-ils de maximiser leurs gains et de minimiser leurs pertes? Que pourrait-il se passer s’ils n’y arrivaient pas? Comment peut-on les aider à maximiser leurs gains et à minimiser leurs pertes? Comment peut-on, par réciprocité, s’assurer de leur concours pour se concerter autour de l’objectif? C’est dans ces questions que réside l’art de créer et de maintenir des alliances. Créer des alliances et les faire durer repose donc sur une bonne compréhension des enjeux des acteurs. Les enjeux sont nombreux dans le milieu scolaire. Les candidats aux élections scolaires ont tout intérêt à observer leur milieu, à bien connaître les acteurs, être attentifs à eux et leur proposer des enjeux qui les interpellent comme la formation de la main-d’œuvre dont ils ont besoin. L’allié voit donc ainsi des possibilités pour maximiser ses gains et pour minimiser ses pertes dans la situation dans laquelle il évolue avec d’autres acteurs. Il restera conscient que l’opposant d’aujourd’hui peut aussi devenir l’allié de demain.