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Gouvernance et administration

Comment bâtir une campagne électorale?

| Par Marie Blouin, conseillère en communications, FCSQ
Marie Blouin Conseillère en communications FCSQ mblouin@fcsq.qc.ca

Marie Blouin
Conseillère en
communications
FCSQ

La gouvernance scolaire et le milieu de l’éducation en général le passionnent. Il était des nôtres au congrès pour présenter une  conférence intitulée Bâtir une plateforme électorale en contexte scolaire. La FCSQ s’est entretenue avec lui pour partager sa réflexion et son analyse en vue de mieux préparer les personnes qui souhaitent s’investir comme commissaire au cours des prochaines années. Il s’agit de M. Ronald Canuel, chef de la direction de l’Association canadienne d’éducation. Il sillonne actuellement le Canada,  soucieux d’aider le milieu scolaire à relever les défis de l’avenir en éducation.

La santé de la démocratie scolaire ailleurs au Canada

M. Canuel possède un parcours professionnel intéressant. Il a d’abord occupé le poste de directeur général de la Commission scolaire Eastern Townships. La recherche pour lui constitue le point central sur lequel doit reposer toute action politique parce qu’elle permet de faire grandir toute société où qu’elle soit. « La recherche est prospère en éducation et on doit la privilégier lorsque vient le temps de présenter nos enjeux devant la population. »jeunes_iphone

Il est d’avis que l’éducation mérite qu’on s’y engage et qu’on investisse. « L’éducation n’a pas de prix pour les retombées positives  sociales et économiques qu’elle suscite. On n’investit jamais trop en éducation », soutient M. Canuel. Le regard que pose le Québec sur l’éducation est particulier, selon son observation. « J’ai parcouru le Canada de long en large et j’ai  remarqué que les préoccupations de la population des autres provinces au plan de l’éducation sont fort différentes de celles du Québec. Ailleurs, on ne se pose pas la question de la pertinence ou non des élus scolaires et des gouvernements scolaires qu’ils  représentent. L’apprentissage des élèves, l’imputabilité, le contexte budgétaire, comment les commissions scolaires peuvent mieux supporter les écoles sont autant de sujets qui retiennent l’attention du public et des médias. Les commissions scolaires sont bien  perçues comme pouvant apporter une contribution importante dans les différents systèmes publics d’éducation », précise M. Canuel.

Les enjeux pour soulever la confiance du public

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Ronald Canuel Chef de la direction Association canadienne d’éducation

Toute personne intéressée doit d’abord, selon lui, se poser la question sur ses intentions, ce qu’elle souhaite faire pour améliorer  l’éducation des élèves. Les enjeux qu’elle propose s’inspirent de cette réflexion, de la recherche qu’elle fait régulièrement pour appuyer ses propos lorsqu’elle rencontre son électorat et de la connaissance qu’elle a de son milieu.

« La recherche est prospère en éducation et on doit la privilégier lorsque vient le temps de présenter nos enjeux devant la population. »

Pour Ronald Canuel, l’enjeu présenté par le candidat scolaire est capital. Sa définition est claire. « L’enjeu, c’est un élément qui rejoint les intérêts des parents avec des réalités qui les touchent. L’emploi par exemple (le lien que le parent fait entre l’éducation et l’emploi).
Les devoirs à la maison (sont-ils nécessaires ? Alors qu’ailleurs comme en France, on les remet en question actuellement). Les activités parascolaires pour améliorer la santé physique et mentale des élèves, le calendrier scolaire (répond-il actuellement aux  besoins des élèves puisque de récentes recherches démontrent qu’un temps de repos réparti dans l’année et non uniquement en fin d’année est bénéfique particulièrement dans les milieux défavorisés). Autant d’enjeux qui soulèvent l’intérêt des gens à se rendre aux urnes pour voter et rétablir leur confiance en l’éducation publique. »

« Avant d’entreprendre une campagne électorale, il faut se poser la question suivante : qu’est-ce que je veux faire pour l’éducation publique au Québec ? »

Une vision à long terme en éducation

mere_enfant-portableUn autre élément majeur dans une campagne électorale est d’avoir une vision à long terme des objectifs poursuivis. « L’idéal, c’est d’avoir une vision d’au moins cinq ans, une vision qui dépasse le mandat de l’élu scolaire pour réussir à réaliser les buts fixés. »

Bâtir une campagne électorale en contexte scolaire nécessite aussi que les candidats soient bien branchés, qu’ils aient accès aux  médias sociaux pour favoriser l’échange avec les gens. « Le premier ministre canadien Stephen Harper donne un bon exemple en  misant beaucoup sur les médias sociaux pour être plus près des citoyens. Le candidat aux élections scolaires devrait aussi les utiliser pour faire connaître ses idées en éducation et surtout échanger avec eux. »

« L’idéal, c’est d’avoir une vision d’au moins cinq ans; une vision qui dépasse le mandat de l’élu scolaire pour réussir à réaliser les buts fixés. »

« Pour prendre sa place en éducation et favoriser le respect de son rôle d’élu scolaire et la reconnaissance de ses concitoyens, il s’avère fort important de montrer qu’on sait de quoi on parle en éducation et ainsi éviter que d’autres groupes deviennent des chefs de file  pour faire avancer la cause du système public d’éducation » conclut Ron Canuel.

Points à privilégier pour faire une bonne campagne électorale

• Les buts recherchés en me présentant comme commissaire
• Les buts visés en éducation
• Le style de travail recherché (en équipe, par exemple, avec son conseil et le type de relation entretenue avec la direction générale de la commission scolaire)
• La vision à long terme en éducation
• Les risques que je suis prêt à prendre pour atteindre mes buts
• L’innovation et la créativité en éducation
• La consultation régulière de la recherche en éducation
• L’utilisation des réseaux sociaux pour susciter l’échange et faire connaître ses idées
• La connaissance de son milieu environnant et du milieu scolaire (plan stratégique)
• Le courage de défendre ses idées et d’affronter les groupes divergents