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Juin 2013

Au PREST, on voit les élèves comme…

| Par Jacques Légaré, conseiller en communications, Commission scolaire de la Beauce-Etchemin - [email protected]

« Une communauté de petits chercheurs »

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Jacques Légaré, conseiller en communications, Commission scolaire de la Beauce-Etchemin – [email protected]

« Nous voyons les élèves comme une communauté de petits chercheurs qui collaborent pour trouver des réponses. C’est une approche plus inductive. Elle nécessite un changement de rôle de la part de l’élève et, par conséquent, de la part de l’enseignante ou l’enseignant », affirme Stéphan Baillargeon, chargé de projet au Pôle régional pour l’enseignement de la science et de la technologie (PREST).

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Le PREST est un organisme sans but lucratif voué à la formation des enseignants en sciences et technologie. Il a été créé il y a dix ans  à l’initiative de la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin (CSBE) et regroupe aujourd’hui l’ensemble des commissions scolaires des régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. Sa création visait à favoriser la persévérance scolaire et à contrer le manque d’intérêt des jeunes pour les métiers à caractère  scientifique ou technique. M. Baillargeon croit toutefois que l’approche utilisée (sens logique, créativité, esprit critique, capacité de collaborer, etc.) peut être utile à tous les élèves, peu importe leur carrière future.

Une « bête noire »

Selon lui, les sciences sont souvent « une bête noire » pour les enseignantes et les enseignants du primaire. Dans les grandes régions de Québec et Chaudière-Appalaches, les deux tiers (65 %) d’entre eux ont choisi de suivre la formation de base du PREST. « Ce qui est encourageant, c’est que celles et ceux qui ont suivi cette formation il y a 9 ans continuent à utiliser notre matériel aujourd’hui », note M. Baillargeon.
filles_lab_chimieImportée de France, l’approche du PREST est basée sur le questionnement, l’expérimentation et l’argumentation. « Avant, les élèves  faisaient aussi des expériences, mais tout le monde faisait la même et obtenait le même résultat. Maintenant, les élèves émettent des  hypothèses et peuvent réaliser différentes expériences dont les résultats les amèneront souvent vers plus de questions que de  réponses ». Dans une expérience sur la flottaison par exemple, on ne se contentera pas de classer des objets simples en deux  catégories (flotte ou coule). On leur proposera une variété d’objets comme un raisin, une éponge et du coton, pour obtenir des résultats parfois troublants. Les élèves mettront leurs connaissances et hypothèses en commun pour tirer des conclusions de  l’ensemble des expériences. « Il faut qu’ils apprennent à se poser des questions et à confronter leurs idées. C’est ce que font les  scientifiques dans la vraie vie », explique M. Baillargeon.

Il n’y a pas encore d’études prouvant la supériorité de cette méthode, « mais ce qui est indéniable, c’est le niveau de motivation et  d’engagement des élèves et des enseignants », affirme M. Baillargeon. Mme Brigitte Laflamme, une enseignante à l’école primaire de  Notre-Dame-des-Pins, abonde dans le même sens. « Ça a changé mon enseignement en sciences, mais aussi dans les autres matières.  J’ai appris à ne pas donner toutes les réponses », affirme-t-elle. En fait, les élèves apprécient tellement cette approche qu’ils ne veulent plus retourner à l’enseignement traditionnel. C’est ce qui a un  peu forcé la main au PREST et l’a amené à bâtir aussi des guides pédagogiques pour le secondaire. Ce travail de développement est effectué par M. Marc Doyon, un enseignant de la CSBE.

Accessible au reste du Québec

planete-terreLe PREST exporte maintenant son expertise à l’extérieur de son territoire. « Il faut arrêter de réinventer la roue chacun de son côté.  On n’a plus les moyens de faire cela », soutient Stéphan Baillargeon. Déjà la Commission scolaire de l’Estuaire a signé une entente  pour la formation des maîtres au primaire,  lors que celle de la Seigneurie-des-Mille-Îles a fait de même pour le secondaire. Il est aussi possible pour des enseignants de s’inscrire individuellement, mais on favorise surtout l’adhésion par commission scolaire. « C’est plus efficace parce que ça nous permet d’avoir un conseiller pédagogique disponible sur place pour accompagner le milieu », explique M. Baillargeon.

Les avancées du PREST ont aussi trouvé écho à l’international, par le biais d’une entente avec l’Université de Los Andes et le   gouvernement colombien. Un projet pilote y sera réalisé dans 200 classes ! Des contacts sont aussi réalisés auprès des francophones  des autres provinces et des États-Unis et on devrait éventuellement signer une entente avec des commissions scolaires anglophones, ce qui permettrait entre autres la traduction du matériel didactique en anglais. Cela ouvrira au PREST les portes du reste de  l’Amérique du Nord!