Magazine Savoir FCSSQ

Décembre 2012

Les jeunes et l’engagement démocratique : comment se manifeste-t-il en 2013?

| Par Marie Blouin, conseillère en communications, FCSQ - [email protected]
Marie Blouin Conseillère en communications FCSQ mblouin@fcsq.qc.ca

Marie Blouin [email protected]

On parle souvent du désintérêt de la population à voter aux élections, qu’elles soient fédérales, provinciales, municipales ou scolaires.  En août dernier, la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires a rendu publique son analyse Le déclin de la participation électorale au Québec, 1985-2008. Sans grande surprise, l’étude indique que ce sont les jeunes de la génération Y  (18-25 ans) qui votent le moins. Ils s’investissent ailleurs différemment. Comment le réseau scolaire peut-il mieux les rejoindre pour  qu’ils participent plus sur le plan démocratique?

C’est un fait, les jeunes votent moins que les personnes plus âgées. Selon le même rapport, par exemple, en 1985, la participation des  18-44 ans était d’environ 73 % alors qu’en 2008, le même groupe d’âge avait voté dans une proportion d’environ 44 %. Les 45 ans et  plus de leur côté avaient voté en 1985 dans une proportion de 73 % alors qu’en 2008 elle était d’environ 67 %. L’analyse des élections tenues dernièrement indiquera si le taux s’est accru dans le contexte qu’on a connu (mobilisation étudiante sur la hausse des frais de scolarité).

Des commissions scolaires actives

Les commissions scolaires jouent un rôle important sur le plan de la sensibilisation des jeunes à l’éducation citoyenne. Elles  organisent depuis plusieurs années déjà des activités qui la mettent en valeur, que ce soit en incitant les élèves à faire partie des  conseils d’élève ou à s’engager dans des programmes comme Parlements au primaire et au secondaire dont la Fédération des commissions scolaires est partenaire ou à devenir commissaires d’un soir.

Les jeunes s’engagent différemment

urne-voteLes différentes manifestations comme le mouvement d’occupation de Wall Street à New York en 2011 pour dénoncer le milieu  financier ou encore celles plus récentes au Québec ont montré un comportement différent des pratiques démocratiques des jeunes.  Selon Josée Madéia Charlebois dans son texte « Êtres politiques : la jeunesse et l’engagement, la socialisation et le cran » dans le  récent ouvrage Le souffle de la jeunesse, les jeunes s’engagent maintenant dans le quotidien dans les causes qui les rejoignent. «  Plutôt que de se joindre à des organisations plus traditionnelles, les jeunes sont plus portés à agir de concert au sein de petits  groupes… » Pour qu’ils s’impliquent, les enjeux doivent les interpeller dans le sens de leurs croyances et de leurs valeurs.

Les jeunes sont aussi moins nombreux à être membres d’un parti politique. Ils consultent moins les médias traditionnels comme la  télévision et les journaux et sont davantage portés par les médias sociaux; ces derniers ayant profondément transformé leurs rapports entre eux et leur pratique citoyenne. La Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires estime que,  contrairement à leurs aînés, les jeunes ressentent moins le sens du devoir civique. Ils sont plus individualistes.

Des pistes de réflexion

deux_filles_portableLes solutions sont nombreuses et diversifiées pour transformer le rapport des jeunes à une démocratie plus participative. Josée Madéia Charlebois estime qu’il y a plusieurs façons de s’y prendre pour qu’ils s’investissent. D’abord, offrir des alternatives différentes parce que les jeunes font de la politique autrement et prendre conscience, comme acteur dans le réseau scolaire, qu’il existe une  diversité de façons de faire de la politique et de pratiquer la démocratie.

La même auteure croit aussi aux bienfaits du travail communautaire des jeunes à l’école. Ajoutons sur ce plan qu’en Europe, une  récente analyse révèle qu’un tiers des pays observés prend en considération dans son évaluation, la participation des élèves à la vie de  l’établissement en la reconnaissant dans le diplôme de fin d’études. Aux Pays-Bas, par exemple, les élèves doivent effectuer 30 heures de service dans leur communauté pour obtenir leur diplôme.

mains_jointesQuant à la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires, elle estime que l’éducation des jeunes à la  démocratie façonne leur perception sur les institutions ainsi que sur les acteurs politiques.

Il n’y a pas de solution miracle pour les encourager à une démocratie plus participative. Chaque geste posé dans le réseau scolaire  compte et la diversité des moyens utilisés demeure la meilleure alternative pour que les jeunes s’engagent. Ils disposent d’outils  technologiques puissants et pour le milieu scolaire mieux connaître ce qu’ils privilégient comme causes et comme moyens pour les rejoindre demeure essentiel.

Sources : Collectif d’auteurEs du prix Bernard-Mergler (2012), Le souffle de la jeunesse, Montréal, A : écosociété, Cahiers de  recherche électorale et parlementaire (août 2012) Le déclin de la participation électorale au Québec, 1985-2008, Québec, Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires, Université Laval. http://eacea.ec.europa.eu/education/eurydice /documents/ thematicreports/139FRHI .pdf