Entrevue avec Jean-Luc Trahan, président de la Commission des partenaires du marché du travail
Marie Blouin
Conseillère en
communications
FCSQ
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En guise d’introduction, voulez-vous nous parler brièvement du rôle et de la mission de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT)?
Mise sur pied en 1997, la Commission est une instance nationale de concertation qui réunit des représentantes et des représentants des employeurs, de la main-d’œuvre, des milieux de l’enseignement et des organismes communautaires, tous nommés par le gouvernement. Elle a notamment pour rôles d’assurer une interface entre l’État et les organisations partenariales directement touchées par l’emploi et par le développement et la reconnaissance des compétences de la main-d’œuvre ainsi que de créer des conditions optimales au développement de l’emploi et des compétences de la main-d’œuvre au Québec. Pour développer son expertise, la Commission s’appuie sur ses différentes instances dont les conseils régionaux des partenaires du marché du travail et les comités sectoriels de main- d’œuvre dont la fonction principale est d’identifier les besoins de développement des compétences de la main-d’œuvre et d’y répondre en concertation avec les organismes partenaires, comme les commissions scolaires.
Quelle est votre vision de la formation professionnelle?
La formation professionnelle est, selon moi, une nécessité. C’est bien souvent sur la formation de base que doit s’appuyer le développement continu des compétences. Elle doit répondre, plus que jamais dans le contexte actuel, au besoin qu’expriment les employeurs et les travailleurs de développer les compétences nécessaires à l’exercice d’une profession, tout au long de la vie et au moment opportun.
Comment les commissions scolaires peuvent-elles se rapprocher des entreprises?
S’il y a un message sur lequel les partenaires s’entendent, c’est qu’un rapprochement entre l’école et l’entreprise est plus que jamais nécessaire. Il faut reconnaître que certains établissements scolaires et certaines entreprises font des efforts significatifs de rapprochement. Par exemple, le comité sectoriel Camo-route (secteur du transport routier) a travaillé avec les entreprises de transport et la Commission scolaire du Lac-Abitibi pour offrir une attestation d’études professionnelles en mécanique de remorques de camion. Ce programme a permis de répondre aux besoins des entreprises qui éprouvaient de la difficulté à recruter des personnes qualifiées. Pour ce, il est essentiel que les centres de formation professionnelle demeurent sensibles au contexte et à la finalité des entreprises. Or, ce contexte peut être très différent selon le secteur économique, l’entreprise ou la région. Aussi, les centres de formation doivent continuer d’être plus présents auprès de leur communauté d’affaires. De plus, est important, l’accès à la reconnaissance des apprentissages professionnels réalisés en entreprise. Elle vient confirmer les entreprises dans leur rôle d’encadrement et de développement des compétences de leurs travailleurs. Elle leur permet de se reconnaître comme partenaire dans le développement des compétences et facilite leur engagement en faveur de la formation. Reconnaître les apprentissages réalisés en entreprise, c’est ouvrir un dialogue, c’est créer une complicité entre les intervenants, menant éventuellement à l’amélioration et à la formalisation de ces apprentissages.
Croyez-vous que la création d’un consortium de plus de 50 points de services dans les services aux entreprises des commissions scolaires constitue une valeur ajoutée pour mieux répondre aux besoins du marché du travail?
C’est une valeur ajoutée indéniable, non seulement pour les entreprises qui œuvrent dans plusieurs régions du Québec, mais aussi pour celles dont les besoins ne peuvent être satisfaits par la commission scolaire de leur territoire. La création de ce consortium est en effet une première étape pour une meilleure utilisation des ressources et une régulation de l’offre de service aux entreprises, tel que le recommandait le Conseil supérieur de l’éducation dans son récent avis sur les services offerts aux entreprises par le réseau de l’éducation. Par ailleurs, les représentants du marché du travail me répètent souvent que les entreprises et les travailleurs se sentent démunis face à la complexité de l’offre de formation et qu’un effort de simplification est souhaité pour l’utilisateur. Le consortium envisagé devrait, selon nous, tenir compte de ce souhait.
Somme toute, M. Trahan est bien confiant quant à l’avenir de la formation professionnelle au Québec. « Pour atteindre nos objectifs, on doit passer par un changement de mentalité à l’effet qu’il y a une diversité de formules de formation professionnelle qui peuvent s’offrir tant dans les centres de formation professionnelle que dans les entreprises. La cohabitation des deux milieux est possible et chacun a sa place et un rôle à jouer dans le meilleur intérêt des individus qui sont formés. »