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Juin 2011

Le diplôme d’études professionnelles a… 25 ans

| Par Isabelle-Line Hurtubise, conseillère à la formation professionnelle et à l’éducation des adultes à la FCSQ - [email protected]
Isabelle-Line Hurtubise

Isabelle-Line Hurtubise

Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a procédé en 1986 à une refonte radicale des programmes qui s’est traduite par la  fusion et la création de programmes d’études, la contribution des entreprises à l’élaboration de programmes au cours de l’analyse de  situation de travail, de modules plus courts, d’éléments de compétences, etc. C’est ainsi qu’est né il y a 25 ans le diplôme d’études  professionnelles (DEP), tel que nous le connaissons aujourd’hui.

La formation professionnelle est certes, maintenant, une composante importante du système productif, mais elle est, avant tout, une  composante du système éducatif. À ce titre, il est essentiel de rappeler, selon la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue, que : « Au Québec, les apprentissages sanctionnés d’une part par le diplôme d’études secondaires (DES) et, d’autre  part, par le diplôme d’études professionnelles (DEP) constituent la norme pour définir la formation de base à acquérir par toutes les  citoyennes et tous les citoyens ayant la capacité de le faire. »[ref]Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue, MEQ , 2002. p. 9.[/ref]

Donc, toute personne qui le désire et qui a la capacité de le faire, devrait avoir accès à une formation qui lui permette d’acquérir un DES ou un DEP. La volonté tout à fait légitime du gouvernement de réaliser l’adéquation entre la formation et l’emploi ne doit toutefois pas  se faire au détriment de la volonté d’un jeune ou d’un adulte d’accéder à une formation de base de qualité, d’autant plus que nous  savons que le taux de diplomation en formation professionnelle est de 86 %.

Dans le texte de la politique, le DEP apparaît donc, tout comme les études collégiales ou universitaires, comme un moyen d’accomplir  ce rêve et ainsi pour nos élèves de réaliser leur plein potentiel. De plus, l’accès à une première diplomation constitue un élément  important de motivation, de persévérance, de reconnaissance individuelle et sociale, et un tremplin professionnel significatif.

soudureLa route semble encore longue avant que le DEP ne soit réellement reconnu dans la conscience collective des Québécoises et des  Québécois comme une formation de base équivalente au DES. Plusieurs employeurs demandent encore un DES plutôt qu’un DEP pour occuper un métier.

Pourtant, il est important de souligner que certains DEP ont une durée de 1 800 heures et que leur niveau de complexité peut être égal  et même supérieur au DES. Malheureusement, cela n’est  pas connu de la population. On ignore que plusieurs  programmes de  formation professionnelle permettent d’approfondir des  compétences de base, comme le français et les mathématiques, et qu’on y  développe des projets particuliers pour favoriser l’acquisition  de ces compétences.

Pourtant, il est important de souligner que certains DEP ont une durée de 1 800 heures et que leur niveau de complexité peut être égal  et même supérieur au DES .

À titre d’exemple, la Commission scolaire des Laurentides a conçu un programme de perfectionnement en français à partir du  programme en Pâtisserie. Cette expérience lui permis de remporter un prix d’excellence de la FCSQ l’an dernier. Elle est en train de s’étendre à plusieurs autres programmes de formation professionnelle. La capacité d’adaptation et d’innovation de la formation  professionnelle du réseau des commissions scolaires pour contribuer à l’éducation dans son sens large, a fait ses preuves à plusieurs égards.

femme_casque_jauneDe plus, une étude (Hart, 2007) du Comité sectoriel de la main-d’œuvre dans la fabrication métallique industrielle démontre la valeur ajoutée de la formation professionnelle pour un jeune et un adulte détenant un diplôme d’études professionnelles : « Dans les métiers spécialisés, les diplômés de la formation professionnelle du secondaire parviennent plus nombreux au stade d’experts de leur métier.  Les non-diplômés sont plus nombreux à plafonner aux premiers niveaux de l’échelle des qualifications. Une fois de plus, nos résultats montrent que la formation professionnelle influence positivement la trajectoire des ouvriers spécialisés. À la différence de leurs confrères, les ouvriers détenant une telle formation possèdent les savoirs formels qui les préparent à l’exercice de leur métier. Par  conséquent, ils se développent plus rapidement et se rendent aux plus hauts niveaux de qualification.»

Cette étude démontre que la main-d’œuvre non qualifiée, n’ayant qu’un apprentissage en milieu de travail, présente à terme des lacunes sur le plan des connaissances scientifiques et techniques nécessaires à l’exercice des métiers.

Il nous apparaît essentiel que la double valeur du DEP soit vraiment reconnue. En effet, en plus de répondre à un besoin de  main-d’œuvre, ce diplôme est aussi une solide formation de base au même titre que le diplôme d’études secondaires.