Entrevue avec deux des plus hauts représentants de la démocratie
Ils viennent tout juste d’accéder à des postes prestigieux à l’État québécois. M. Jacques Chagnon a été élu président de l’Assemblée nationale, la plus ancienne et la plus élevée des fonctions parlementaires et M. François Ouimet, comme 2e vice-président de l’Assemblée nationale. La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) est particulièrement fière du parcours de ces deux politiciens qui ont débuté leur carrière comme élus scolaires, dont l’un a occupé la fonction de président de la FCSQ. C’est avec fierté qu’ils livrent le fruit de cette riche expérience au magazine Savoir qui leur sert aujourd’hui dans leurs fonctions actuelles.
M. Chagnon parle avec enthousiasme de ses nouvelles fonctions comme président de l’Assemblée nationale. Il a la responsabilité d’arbitrer les séances, d’administrer les services de l’Assemblée et de représenter celle-ci. M. Chagnon devient ainsi un grand promoteur des valeurs démocratiques. Il a la responsabilité de faire connaître le travail des députés à la population et aussi aux jeunes, par l’entremise de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant, dont la mission est de sensibiliser à l’action citoyenne et démocratique. Mais le défi le plus important qu’il a à relever actuellement, dit-il, est de faire en sorte que les parlementaires se respectent davantage dans les débats qui ont lieu à l’Assemblée nationale.
Ses expériences antérieures comme commissaire, puis comme président de la Commission scolaire régionale de Chambly (Commission scolaire Marie-Victorin) et, enfin comme président de la FCSQ pendant trois ans dans les années 80, ont été des plus enrichissantes et bénéfiques pour lui. Soulignons aussi le poste de ministre de l’Éducation qu’il a aussi occupé pendant un an dans les années 90. Il connaît donc très bien tous les rouages du secteur de l’éducation.
Natif de Boucherville, M. Chagnon parle de ses expériences comme élu scolaire avec attachement à la cause de l’éducation. Il a d’abord fait ses études dans les écoles publiques, notamment à la polyvalente de Mortagne. Il raconte quelques souvenirs : « À 27 ans, j’étais un des plus jeunes présidents de commission scolaire. J’ai eu un plaisir fou à présider la Commission scolaire régionale de Chambly pendant quatre ans (1981 à 1985), une commission scolaire qui accueillait à l’époque 20 000 élèves.
J’ai d’ailleurs contribué à mettre sur pied une des premières écoles à vocation internationale et à regrouper, dans un seul et même lieu, la formation professionnelle au centre de formation professionnelle Pierre-Dupuy. » Une réalisation dont il est fier, un secteur qui mérite encore beaucoup de valorisation, selon lui.
1983 Signature du protocole d’entente sur l’informatique par l’ex-ministre de l’Éducation, M. Camille Laurin (à gauche), et le président de la FCSCQ, M. Jacques Chagnon.
Président de la FCSQ à l’âge de 29 ans
À titre de président à l’époque de la Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec à 29 ans seulement, il se souvient encore de la fierté éprouvée en occupant cette fonction pendant trois ans dans une grande association qui touchait tout le Québec, dit-il. « Je souhaitais mobiliser les commissions scolaires, leur faire comprendre leur importance. » Sur ces paroles, M. Chagnon présente un document qu’il conserve précieusement à la bibliothèque de son bureau au parlement : Pour un gouvernement local scolaire, démocratique et responsable. Ce document écrit en 1982 réclamait au ministre de l’Éducation une décentralisation en éducation pour que les commissions scolaires soient considérées comme de véritables gouvernements scolaires locaux et que l’éducation devienne l’affaire de tous les citoyens. Près de 30 ans plus tard, la pensée est toujours assez actuelle…
De son expérience à la fois à la présidence de notre organisation et à la Commission scolaire régionale de Chambly, il ne retire que des bénéfices : « C’est une bonne école la démocratie scolaire. J’ai appris à écouter, à gérer les situations ainsi que des crises, à trouver un équilibre entre mon côté rationnel et émotif. Je suis très fier d’être passé par le milieu scolaire pour me familiariser à la démocratie. Ces aspects me suivent toujours aujourd’hui dans mes fonctions comme président de l’Assemblée nationale. »
Pour cet homme prêt à s’investir pleinement dans ses nouvelles fonctions, bien des défis restent à relever, notamment celui de ramener l’harmonie pendant les débats de l’Assemblée nationale. Pour la population du Québec, il souhaite qu’on hisse au premier rang dans la priorité des Québécoises et des Québécois, l’instruction et l’éducation. Pour la jeunesse, qu’on développe son sens critique comme citoyen. Que les jeunes apprennent et recherchent la vérité et qu’ils deviennent des citoyens organisés, des gens compétents et engagés sur le plan démocratique. Il ajoute : « Le milieu scolaire est de grande qualité et nos jeunes sont très chanceux de pouvoir en bénéficier! »
Des pas de géant à l’école de la démocratie
De son côté, le nouveau vice-président de l’Assemblée nationale du Québec, M. François Ouimet, qui a occupé, lorsqu’il était dans la vingtaine, le poste de président de la Commission des écoles catholiques de Montréal, se remémore avec plaisir cette belle expérience : « Un de mes oncles était commissaire et c’est lui qui m’a donné le goût de m’engager. J’ai bien aimé organiser une campagne électorale, bâtir mon équipe, présenter les enjeux dans ce milieu dynamique! »
Avocat de formation et père de trois enfants, M. Ouimet a connu la plus grande euphorie de sa vie dans les années 1990 : « Mon plus beau moment a été ma victoire comme commissaire. Il y avait 135 personnes réunies dans un petit local humide pour souligner ce moment éclatant dans ma vie. Des personnes qui m’avaient soutenu et aidé à remporter mes élections. »
Il parle aussi avec beaucoup d’enthousiasme de son intervention concernant l’application de l’article 93 de la Constitution canadienne qui protégeait les droits des minorités catholiques et protestantes dont la Commission des écoles catholiques de Montréal faisait partie. Selon M. Ouimet, il s’avérait nécessaire que cette commission scolaire devienne linguistique et perde son statut confessionnel. Il est très heureux d’y avoir contribué. « Ce fut une évolution dans le domaine de l’éducation! »
« Bref, j’adorais ce que je faisais à la Commission des écoles catholiques de Montréal. Les gens qui sont commissaires le font souvent par amour et passion. C’est très exigeant ce rôle qui nous donne la chance de poser des gestes concrets pour améliorer l’éducation des enfants. » François Ouimet
Il ajoute sur les responsabilités qui lui étaient confiées lorsqu’il en assumait la présidence : « J’ai appris beaucoup comme président de cette commission scolaire à gérer les finances publiques comme s’il s’agissait de mon propre portefeuille et à défendre les élèves au mieux de leur intérêt. En seulement quatre ans dans ce milieu, j’ai fait des pas de géants en termes d’apprentissage! C’est la plus belle école de vie! Par la suite, le Parti libéral m’a invité à me joindre à son équipe et j’ai accepté. »
Comme vice-président de l’Assemblée nationale, M. Ouimet veut poursuivre dans la même ligne de pensée que M. Chagnon, soit que les ébats se fassent dans le respect des règles et des personnes qui interviennent. Il souhaite aussi que les citoyennes et citoyens du Québec soient plus actifs et s’engagent davantage au processus démocratique car, dit-il, ce sont des enjeux qui touchent leur vie au quotidien !
Nul doute que le passage de M. Chagnon et de M. Ouimet dans le milieu scolaire sert positivement aujourd’hui dans les défis qui les attendent dans leur rôle de « gardiens » de la démocratie. La Fédération des commissions scolaires du Québec leur rend hommage et les félicite pour les postes obtenus.