Magazine Savoir FCSSQ

Mars 2011

Valoriser la formation professionnelle

Cri du cœur des entreprises, entrevue avec Simon Prévost
| Par Marie Blouin, conseillère en communications, FCSQ - [email protected]

« Il faut porter le message que le secteur manufacturier offre un avenir intéressant aux élèves. » Simon Prévost, président, Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ)

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Simon Prévost

On manque actuellement de main d’oeuvre dans différents métiers selon Simon Prévost, président de Manufacturiers et exportateurs  du Québec dans une entrevue accordée récemment au magazine Savoir. D’ici 2012, la situation sera encore plus alarmante puisqu’au  Canada, selon le rapport de Manufacturiers et exportateurs du Canada[ref] Rapport de Manufacturiers et exportateurs du Canada Investir pour croître : Technologie, innovation, et le défi de productivité du Canada (2010). Pour d’autres informations sur le MEQ,  consulter le site http://qc.cme-mec.ca/[/ref], plus de main-d’œuvre quittera le marché du travail que celle qui y entrera.

Enthousiaste et engagé dans la valorisation de la formation professionnelle qu’il défend avec ardeur, M. Prévost s’explique mal  pourquoi les jeunes sont peu portés à choisir un métier de nos jours. « Le travail dans le secteur manufacturier n’est plus comme avant.  Il est beaucoup plus intéressant qu’il y a 50 ans. Il est moins répétitif. La main-d’oeuvre utilise des outils technologiques qui rendent le  travail beaucoup plus stimulant dans un contexte sécuritaire. De plus, on y gagne très bien sa vie puisque les salaires sont bien souvent supérieurs à la moyenne. »

Valoriser le diplôme d’études professionnelles (DEP)

La formation offerte dans les centres de formation professionnelle des commissions scolaires est de bonne qualité selon le président du MEQ. « Le diplôme d’études professionnelles (DEP) forme bien les élèves et répond à un besoin. Il faut le valoriser davantage auprès des élèves, des parents et de la population en général. » Se référant au rapport de Manufacturiers et exportateurs du Canada, il estime  toutefois que les compétences de base des élèves dans des matières comme le français ou les mathématiques doivent être améliorées  pour mieux répondre au marché du travail.

Actuellement, une des grandes lacunes qu’il observe au Québec concerne la formation continue. « Il faut inculquer une culture de  formation continue au Québec. Nous avons actuellement un déficit à ce niveau qu’il faut combler pour rendre les entreprises encore  plus compétitives sur la scène nationale et internationale. »

Ajoutons que les commissions scolaires par les services aux entreprises (SAE) sont prêtes à relever ce défi. Le Québec d’ailleurs est  toujours en attente d’un nouveau plan d’action en matière de formation continue.

Il est aussi préoccupé par le discours public qui dévalorise actuellement la formation professionnelle. « Les parents ont une piètre  opinion des métiers souvent par manque de connaissance du secteur manufacturier. Ils sont alors peu portés à encourager leurs enfants à choisir cette voie. Pourtant, bien des entreprises au Québec manquent de main-d’oeuvre dans bien des secteurs. » Selon le même rapport, parmi les postes en pénurie, on observe notamment les opérateurs de machinerie, les employés du service à la clientèle et au  marketing et les préposés à l’entretien.

Lueur d’espoir

gars-construction-fpPlusieurs programmes jettent une lueur d’espoir pour contribuer à modifier les perceptions négatives de la formation professionnelle  au Québec. M. Prévost donne l’exemple du Programme Zone M (anciennement Portes ouvertes des manufacturiers) qui consiste à faire  connaître les métiers dans les industries à des élèves du secondaire. « Depuis les débuts de cette activité que nous avons mise en place  en 2004, nous avons permis à 29 854 jeunes de visiter 1 318 entreprises. Les jeunes apprécient beaucoup cette activité. » Il cite aussi en exemple le concours Chapeau, les filles ! du ministère de l’Éducation, une activité appuyée par la Fédération des commissions scolaires depuis ses débuts. Ajoutons aussi, toutes les autres activités locales organisées par les commissions scolaires comme les stages d’un jour et les visites d’élèves dans des centres de formation professionnelle, la participation des commissions scolaires aux salons éducation  emploi, tant sur le plan régional que national, etc.

Un facteur à considérer également dans le réseau scolaire est celui du rôle clé joué par les conseillers en orientation. « Ces personnes doivent mieux comprendre l’importance des métiers et reconnaître leur juste place par rapport aux autres professions qui sont parfois plus valorisées auprès des jeunes. Sans plombiers ni électriciens par exemple, la société québécoise aurait bien du mal à fonctionner », conclut M. Prévost.