« Toutes les raisons d’être fiers de notre système scolaire »
Selon les épreuves du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), les élèves québécois sont toujours parmi les meilleurs au monde. En 2009, l’étude montre que parmi les élèves des 65 pays analysés, les élèves québécois arrivent au premier rang au Canada et 5e sur le plan international en mathématiques. En lecture, ils se classent au 6e rang et au 10e rang en sciences. Des résultats éloquents. Pourtant…
Dans le cadre d’une entrevue accordée au Savoir, Mme Louise Lafortune, chercheure à l’Université du Québec à Trois-Rivières, s’explique mal le discours négatif entourant notre système scolaire. « Les propos ainsi véhiculés par les médias, la méconnaissance de la réforme de la part des parents par exemple, les pensées discordantes de chercheurs et chercheures, la crainte parfois de plusieurs enseignants et enseignantes face au changement et le peu de valorisation de leur travail nuisent passablement à la crédibilité du système scolaire québécois. Cela n’aide pas à la mobilisation du personnel dans les commissions scolaires et contribue à développer les perceptions négatives de la population. »
« Nos élèves québécois arrivent au premier rang dans le monde francophone dans les études PISA (2000, 2003, 2006) avant la Suisse, la Belgique et la France. »
Elle ajoute : « La Finlande a donné la priorité à l’éducation et conçoit même que cela peut faire une différence sur le plan social de façon plus globale, dit-elle. Les enseignantes et enseignants sont considérés comme étant les meilleurs au monde. La ministre de l’Éducation de ce pays le souligne elle-même. Cette valorisation semble avoir un effet positif sur les parents, qui font confiance aux gestes professionnels posés par le personnel enseignant. En Europe, d’où je reviens d’un séjour, le système scolaire n’est pas aussi dénigré qu’ici malgré des taux de réussite plus bas. Il est difficile de comprendre pourquoi au Québec des perceptions négatives sont si souvent véhiculées à propos de notre système scolaire. »
Mme Lafortune parle bien de « perceptions » puisque, selon elle, les gens ne prennent pas assez le temps de s’informer.
L’information transmise par la presse reste souvent un peu trop superficielle et lorsqu’elle souhaite faire paraître des articles qui expliquent par exemple certains éléments de la réforme et du système scolaire québécois, elle y parvient difficilement. Souvent, dans l’esprit des gens, la réforme rime avec évaluation et bulletin alors que c’est aussi la maternelle à temps plein, les conseils d’établissement, une préoccupation pour les écoles en milieu défavorisé, comprendre ce qu’on apprend et comment on l’apprend, etc.
Selon cette chercheure, le gouvernement aurait avantage à rendre plusieurs avis différents, en évitant de demeurer avec des visées politiques, pour prendre des décisions éclairées sur notre système scolaire. Aussi, prendre le temps d’expliquer la nature des changements pourrait aider à leur compréhension. Les médias ne représentent pas toujours une source d’information complète puisque c’est souvent une vision partielle de notre système qui est présentée en raison des contraintes médiatiques. Cela peut avoir des conséquences négatives tant pour les élèves, le personnel des commissions scolaires que la population en général, estime-t-elle.
Le changement n’est pas toujours facile à accepter. On n’aimerait pas qu’un médecin traite un cancer comme cela se faisait il y a trente ns. Il en est de même pour l’éducation. Par exemple, les technologies sont venues modifier le contexte d’apprentissage des élèves et le contexte social est différent. Les cinquante dernières années ont été riches en innovations pédagogiques et tout le monde en bénéficie, bien sûr dans le secteur de l’éducation mais aussi dans la société toute entière. Tenter d’expliquer et de comprendre devient essentiel. Cesser de répandre des discours négatifs sur le système scolaire québécois alors que le Québec occupe une place enviable dans le monde est une avenue à privilégier pour garder notre rang, a conclu cette chercheure reconnue.
PISA : élaboré par l’Organisation de oopération et de développement économiques (OCDE), le PISA mesure les niveaux de compétence des élèves de 15 ans de 65 pays dans trois domaines : la compréhension en lecture, les mathématiques et les sciences. L’évaluation du PISA a lieu tous les trois ans depuis 000. Vous pouvez consulter l’étude de 2009 au www.pisa.oecd.org.